Je ne suis pas un spécialiste de la littérature américaine, loin s’en faut, mais je n’aime pas ce que j’en connais. Je n’y trouve rien de l’inventivité, de la truculence, de l’humour, du génie narratif ou de la profondeur de mes romans fétiches italiens, scandinaves, japonais ou sud-américains. Comme si, dans ce domaine plus que tout autre, le pays profitait abusivement de sa prédominance et de l’aura de sa langue pour s’imposer plus qu’il ne le mériterait. Comme si au fond, Outre-Atlantique, le livre c’était plus la paralittérature, la science-fiction et les comics que les écrits plus académiques. Pour cette raison, et parce qu’aucun article sur lui n’a jamais excité ma curiosité, je me suis tenu longtemps à l’écart de l’écrivain le plus emblématique du roman américain contemporain. Jusqu’au jour où, à l’occasion d’un anniversaire, m’a été offerte la traduction d’un Paul Auster.