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Comme toujours chez Maalouf, le parcours de son héros est aussi l’occasion de nous raconter la Grande Histoire, de mettre en scène les acteurs principaux du temps. Mais cette fois moins que d’autres. Contrairement à ses prédécesseurs, Les Echelles du Levant n’est pas débauche d’érudition. Les personnages historiques sont moins nombreux que dans d’autres romans de l’écrivain libanais, les événements sont moins développés, sans doute aussi parce qu’ils sont plus connus du lecteur lambda. Alors qu’un Samarcande est une introduction idéale à l’Iran médiéval et contemporain, et qu’un Léon L’Africain nous en apprend beaucoup sur la Renaissance, Les Echelles du Levant ne révèle rien sur notre siècle. Il n’en trace que les lignes les plus connues : la vie d’un Résistant dans la France occupée, la clandestinité, les rafles ; la montée des périls en Palestine avec la fin du mandat britannique.

Et c’est tout. Car cette fois, c’est la petite histoire, celle du personnage principal, qui prend le dessus. Avec ce roman, l’un de ses plus courts, Amin Maalouf ne se laisse plus déborder par son savoir, il ne confond plus son rôle d’historien avec sa vocation d’écrivain. Son sujet cette fois n’est pas l’Orient, il n’est pas le XXème siècle, sinon très marginalement. Son sujet est avant tout Ossyane Ketabdar, son destin extraordinaire et tragique, celui de sa famille, de son bandit de frère, de l’amour de sa vie et de son enfant qui le sauve. Jolie, triste, pudique et nostalgique, la biographie de cet homme est la plus accomplie, la plus touchante, de toutes celles relatées par Amin Maalouf.