[Gallimard :: 1975/1990 :: acheter ce livre
Traduit de l'Espagnol par Albert Bensoussan
Au fin fond de l’Amazonie, les militaires péruviens ne se tiennent plus dans la touffeur de la jungle. La population locale fait état de nombreux viols et de mœurs dépravés. Les scandales se multiplient. Aussi l’Armée décide-t-elle de monter de toutes pièces un bordel militaire pour canaliser les ardeurs de ses soldats. Le capitaine Pantaleón Pantoja, militaire exemplaire, brave homme austère qui n’a jamais fréquenté d’autres femmes que son épouse et sa mère, est chargé de la mission. Il s’en acquitte avec tant de zèle que peu à peu le remède se révèle pire que le mal.
A l’aide de dialogues à l’emporte-pièce qui s’entremêlent et qui se télescopent, de copies de rapports militaires, d’extraits de lettres, de journaux ou d’émission radiophonique, Mario Vargas Llosa décrit avec verve la mission inhabituelle de cet homme rattrapé par le succès de son entreprise. Le décalage et la confrontation entre la rigueur toute militaire avec laquelle le capitaine Pantoja s’acquitte de sa tâche et le caractère scabreux de celle-ci est la source de nombreuses et inoubliables situations burlesques.
L’humour prévaut dans cette aventure rocambolesque, mais il se mêle au tragique. Il y a bien sûr le destin du pauvre capitaine, qui ne sortira pas indemne de l’expérience. Mais il y a surtout l’autre histoire de ce livre, la montée en puissance d’une secte et de son prophète, parallèle au succès du "service des visiteuses" monté par Pantoja. En contrepoint du projet hyper rationnel de bordel militaire se déclenche une flambée de fanatisme animée par un certain frère Francisco, qui conduira ses adeptes à crucifier des êtres humains. Aussi dissemblables soient-ils, les deux événements troubleront grandement la quiétude de la société amazonienne qui, en fin de course, retrouvera son calme quotidien fait de petits vices et de grandes hypocrisie.
P.-S. : Mini scandale il y a quelques mois. Une péruvienne découvre dans une librairie de Milan une édition espagnole de Pantaleón et les Visiteuses avec en couverture sa mère et ses tantes en bikini dans la jungle amazonienne. Prise par son père, la photo a longtemps orné le restaurant de la famille avant d’être récupérée par un espagnol et de finir chez un éditeur à qui le cliché parût très adapté au sujet. Depuis l’affaire, le pauvre père passe pour un proxénète et se fait appeler Pantaleón par tout le village (fait divers reporté par Lucien Lambert dans Le Point, N° 1620, page 114, 3 Octobre 2003).
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