Penguin :: 1995
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L'histoire est celle d'un pauvre type qui a fait du rock le centre de sa vie, alter ego peu flatteur de l'auteur lui-même. Chez lui, comme chez la plupart de ces cas pathologiques que sont les passionnés, la musique dépasse sa fonction primaire, celle d'apporter un plaisir d'écoute, pour devenir la source principale de toute satisfaction : la satisfaction de se la jouer esthète en cherchant pour chaque instant de sa vie le disque le plus adéquat, la satisfaction de construire à n'en plus finir ces fameuses listes thématiques d'albums ou de chansons qui ont rendu le livre célèbre. Et pendant que cet antihéros se complait dans la jouissance si masculine du nerd, du collectionneur, du mec bloqué au stade anal, il vieillit et s'enfonce dans une vie banale dominée par les problèmes sentimentaux.
Certains lecteurs qui se sont reconnus dans le loser d'Hornby ont pu s'en prévaloir, se complaire de cette ressemblance, mais c'est un contresens total. Car avec ce roman, l'auteur se moque d'eux, de tous les immatures, de tous les monomaniaques, de tous ceux qui font de leur hobby l'ultime refuge de leur vanité, qu'il s'agisse de rock, d'autres genres ou d'activités sans le moindre rapport. C'est ce qu'indique cette happy end où notre personnage finira par prendre du recul et par voir la lumière. Avec l'aide de son amie, il parviendra finalement par se découvrir et par découvrir les autres tels qu'ils sont, réalisant, ô surprise, que les gens normaux qui écoutent de la daube peuvent être aussi des gens très bien.
High Fidelity est juste et édifiant. Malheureusement, pour en retenir la leçon, on doit aussi le lire. Et pour cela, il faut, si l'on n'est absolument pas fan de rock, se farcir à n'en plus finir ces listes cryptiques de groupes et de chansons. Il faut aussi, si l'on déteste les fictions contemporaines pour jeunes urbains célibataires, se perdre dans la vie triviale de son antihéros. La puissance du roman est limitée, puisque pour l'apprécier, quelque part, il faut être le clone exact de son personnage principal. Mais comme le livre a été un best-seller et qu'il a même connu une adaptation filmée, il faut admettre qu'ils sont nombreux sur cette terre, ceux qui souffrent de la pathologie décrite par Hornby...
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