Autour de 150 000 exemplaires vendus, des articles et des critiques enthousiastes, des échanges passionnés sur les forums Internet, une position en tête de gondole chez les libraires. Tout cela finit par susciter la curiosité. Et en effet, c’est vachement bien, Soie.
Gallimard :: 1997 :: acheter ce livre
Traduit de l'Italien par Françoise Brun
Depuis qu’un homme inspiré l’a lancée dans l’élevage de vers à soie, Lavilledieu est devenue prospère. Seulement voilà. Vers 1860, une fâcheuse épidémie menace de ruiner la bourgade. Hervé Joncour, habitué à approvisionner ses concitoyens en œufs depuis l’Egypte, doit se rendre cette fois au Japon, pays à peine connu et qui vient tout juste de s’ouvrir, pour ramener des animaux sains. A première vue, voici une bonne base pour un roman historique lourdement documenté ou pour un livre d’aventures tout plein d’exotisme oriental. Mais Soie, c'est autre chose. C’est avant tout l’histoire d’Hervé Joncour lui-même.
Alessandro Baricco ne s’attarde pas sur les détails insignifiants. Il va à l’essentiel. Les quatre voyages d’Hervé Joncour ont sans doute connu bien des péripéties. Assurément, puisque plus tard, on nous décrit un personnage vieilli qui conte ses aventures aux enfants du village. Mais l’écrivain décrit chacun de ces trajets en un seul et rapide paragraphe, presque toujours le même, à quelques variantes près. A l’inverse, dès qu’un détail acquiert de l’importance aux yeux d’Hervé Joncour, Baricco s’appesantit, il tarde sur chaque mot, il coupe ses phrases, il joue sur les répétitions et ainsi, il prouve que les cours de techniques narratives qu’il anime par ailleurs sont sûrement passionnants.
Soie est très court. C’est un roman qui se lit plus vite qu’une nouvelle. Pourtant, il s’y dit plus de choses que dans n’importe quel pavé. Le livre raconte la vie d’un homme, s’y rencontrent l’amour, la guerre, la bonté et la cruauté, et imperceptiblement s’y déroule une intrigue. Les personnages principaux (Joncour, la discrète Hélène, Baldabiou, Madame Blanche, Hara Kei, la Japonaise aux traits occidentaux) y sont décrits vite fait, à grands traits, avec quelques bouts de dialogue. Pourtant, ils ont plus d’épaisseur que quiconque. Et la fin, triste, belle, sobre, neutre, on ne sait pas bien, est la plus merveilleuse qui soit.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://balzac.fakeforreal.net/index.php/trackback/511