Orbit / Bragelonne :: 2000
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Comme le volume précédent, The Path of Daggers, dont il reprend d’ailleurs grosso modo la construction (une succession de plusieurs histoires, plutôt que des allers-retours de l’une à l’autre), de longues pages s’enchainent sans événement ni tournant notable. Il en est ainsi des aventures de Perrin, l’un des trois personnages principaux, qui en est à peu près toujours au même point après de longs chapitres où l’ennui domine : sa femme a été kidnappée, avec une poignée de compagnons, et il ne sait trop comment lui venir en aide.
Aussi, comme dans d’autres tomes, Lord of Chaos et A Crown of Swords notamment, la chute finale arrive comme un cheveu sur la soupe. Elle n’est pas le dénouement logique des épisodes traités précédemment dans le livre (la recherche de Faile par Perrin, la conquête par Elayne de son trône, la fuite d’Ebou Dar entreprise par Mat, et la poursuite lancée par Rand contre les Asha’Man renégats), mais une nouvelle histoire en soi, une nouvelle entreprise, même si, il est vrai, Rand la rumine depuis bien longtemps déjà.
Cette fin, cependant, est réussie. Cette nouvelle apothéose est même la plus spectaculaire depuis la dantesque bataille de Dumai's Wells, mise en scène à la fin de Lord of Chaos. Il s’agit à nouveau d’un combat cataclysmique, où la magie à la part belle, impliquant Aes Sedai, Asha’Man, Forsaken, et dont l’enjeu est immense, son issue pouvant changer radicalement l’une des données de base du monde qu’a créé Robert Jordan. Qui plus est, l’auteur a la bonne idée de mettre en scène cet affrontement par bribes, saynète après saynète, faisant se succéder, en vue subjective, ce qu’en perçoivent plusieurs acteurs des deux camps, les enseignements et les stratégies qu’ils en tirent.
Cette fin haletante contribue à élever Winter’s Heart au-dessus de son décevant prédécesseur. Mais elle n’est pas seule. Le retour du facétieux Mat Cauthon, l’autre héros de la série avec Rand et Perrin, absent du volume d'avant, ajoute également du sel au récit. Plus important : avec ses aventures et quelques autres, quelques vieilles énigmes inexpliquées commencent enfin à se clarifier. Enfin, les pièces de l'immense puzzle que Robert Jordan ne cessait de nous présenter dans les livres précédents, commencent à s'assembler, et à offrir au lecteur une vue d'ensemble, et davantage de sens.
Dans Winter’s Heart, on en apprend plus sur les intrigues qui agitent en interne les envahisseurs Seanchan, notamment en retrouvant Egeanin, un personnage important du quatrième volume, The Shadow Rising. Issu du même tome, Lord Luc réapparait aussi, et quelques uns de ses secrets sont révélés. On découvre enfin qui est La Fille des Neuf Lunes, une femme qu’une prophétie avait promise à Mat Cauthon. Aussi, on en sait plus sur ces nouveaux Forsaken apparus mystérieusement dans les précédents volumes.
Tout cela ne gomme pas les moments d’attente, les discussions stériles et les situations psychologiques bizarres. Elles continuent, inexorablement, à appesantir le récit. Mais c’est bien suffisant pour maintenir l’intérêt du lecteur et pour l’inviter une fois de plus, qu’il en soit déçu ou récompensé, à explorer avec curiosité un nouveau volume, le dixième, de cette interminable saga.
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