Neige est un roman d’apprentissage. Il nous présente Yuko, un jeune Japonais du XIXème siècle, qui choisit à l'encontre son père de se faire poète, entreprend un périple dans les montagnes de son pays, suit l’enseignement d’un vœux peintre aveugle, un ancien samouraï, et qui, au terme de son voyage, en plus de parfaire son art, rencontre l’amour.
Ce premier roman de Maxence Fermine, a souvent été comparé au Soie, de l’Italien Alessandro Baricco, paru deux ans plus tard. Et cela à juste titre : même influence de la littérature nippone, même contexte, le Japon d’avant l’ère Meiji, même rencontre entre Orient et Occident. Et surtout, même simplicité, même concision, même dépouillement, même épure dans l’écriture, la narration et l’intrigue.
L’art de l’épure. Voici ce que célèbre Fermine, par cette histoire où se multiplient les manifestations d’une beauté sobre mais touchante : haïku japonais, blancheur immaculée de la neige, numéros de funambulisme, visage éternellement splendide d’une jeune femme prisonnière des glaces.
L'épure est le thème de ce livre, c'est aussi le principe qui a guidé son écriture : voici donc un récit extrêmement court, concis, limité à une poignée de personnages, où pas un mot n’est de trop, où rien n’est verbeux. Fermine va même plus loin que Baricco. Cette épure n'est pas qu'une question de forme ou de thème. C'est le message même du livre, ce dont il est le manifeste. L’auteur va jusqu’à donner des leçons d’écriture, qui font de cette sobriété un principe cardinal :
En vérité, le poète, le vrai poète, possède l’art du funambule. Ecrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d’un poème, d’une œuvre, d’une histoire couchée sur un papier de soie. Ecrire, c’est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. (…) le plus difficile, pour le poète, c’est de rester continuellement sur ce fil qu’est l’écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu’un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c’est de devenir un funambule du verbe (pp. 80-81).
Voici une leçon à méditer.
Et à appliquer aussi, tant ce principe prouve sa pertinence sur cet éloquent et poétique petit roman qu'est Neige.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://balzac.fakeforreal.net/index.php/trackback/1553