Le génie de l'auteur de Harry Potter (ou plus exactement, l'une des nombreuses manifestations de son génie), a été de se conformer, à travers les épisodes de la série, au vieillissement de son héros, et d'accompagner ainsi celui de ses lecteurs. A mesure que l'intrigue progressait, elle devenait plus complexe, plus sombre et plus cruelle. J. K. Rowling a fait de son œuvre, en quelque sorte, un roman d'apprentissage total. Cette logique, un autre écrivain britannique, Joe Abercrombie, l'applique à sa dernière trilogie, The Shattered See. Clairement, il a voulu la destiner à un public d'adolescents, à l'inverse de la série très adulte The First Law, qui en a fait une valeur montante de la fantasy. Cependant, dès la fin du premier livre, Half a King, on retrouvait certains traits, plus cyniques et ambigus, du vieil Abercombie. Et ils sont encore plus visibles dans le second volume de la saga, Half the World.