Le succès de Pierre Loti à la fin du XIXème siècle s’explique par l’époque coloniale, par le désir pour les Français du XIXème siècle d’en apprendre davantage sur des terres lointaines récemment intégrées à l'empire, mais qu’ils ne pourront jamais visiter. En 1881, date de parution du Roman d’un Spahi, le lecteur découvrait donc les bamboulas et le son du tam-tam, le chant des griots et celui des piroguiers, les bordels insalubres fréquentés par la soldatesque exilée, les négresses déambulant la poitrine nue, les mélopées wolofs ou bambaras, les grigris et les superstitions. Mais de nos jours, tout cela est connu, tout cela fait partie de l’imaginaire africain traditionnel. Loti lui-même y est sans doute pour beaucoup, les expositions coloniales puis les médias, et enfin le tourisme de masse, ayant achevé d’imposer ces clichés.