Pour le dernier volet à ce jour consacré aux aventures de la Black Company, Glen Cook revenait aux sources. A présent qu'il n'était plus captif, maintenant aussi qu'il était délivré de ses obligations de capitaine, Croaker, le personnage principal de la série, reprenait dans ses vieux jours son travail d'annaliste. Dans Soldiers Live, il était celui qui, à nouveau, nous contait les péripéties traversées par sa compagnie de mercenaires. Et par ce biais, on retrouvait un peu de l'élan qui avait animé les premiers volumes de la série, et qui s'était quelque peu essoufflé avec son troisième et dernier cycle, les Books of the Glittering Stone. Le style du vieux médecin, en effet, est plus rapide que ceux de Murgen et de Sleepy, ses successeurs. Avec lui, l'action occupe à nouveau le centre du récit, mais elle est décrite à grands traits, sans qu'on s'attarde sur ses détails les plus triviaux. On retrouve, avec lui, cette ironie toute militaire, parfois teintée d'humour noir, qui était déjà à l’œuvre dans les premiers livres, et qui est un moyen pour le soldat de dédramatiser les épreuves qu'il traverse, de parler avec distance des pertes et de la violence insoutenables qu'il subit.